Viole de Gambe Alto
Il a quelques années, j’ai commencé la construction d’une viole de Gambe sous les conseils de Gesina Liedmeier.
Le modèle d’origine est une viole Alto de 1629 construite par le luthier britannique Henry Jaye.
D’après ses dimensions, cette viole pourrait aussi être considérée comme une gros dessus de viole.
J’ai commencé par le chevillier, en sculptant les volumes principaux à la gouje, puis en préparant le motif de la volute.
Parallèlement, les planches de bois pour la table (3 pièces) et le dos (2 pièces) ont été coupées aux bonnes dimensions et rabotées. De l´épicéa des Vosges est utilisé pour la table ainsi que de l`érable ondé pour le dos et les éclisses.
Il existe différentes techniques pour donner sa forme à la table, variant selon la période historique et le pays. Pour ce modèle, j’ai d’abord plié les planches avant de les sculpter. Le pliage du bois peut s’effectuer de différentes façons, impliquant parfois sa cuisson dans de l’eau bouillante ou une simple élevation de sa température “à sec”.
Le collage des pièces est effectué avec une recette spéciale à base d’os/peau de lièvre ou de poisson.
S’ensuit la longue étape du rabotage de la table, en mesurant les épaisseurs à différents endroits, pour respecter le modèle d’origine.
Les ouies sont découpées et finies au canif, et l’intérieur de la table est sculpté. La table s’étant soudainement fendue, j’ai dû la recoller, ce qui a été l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les techniques de restauration.
Le dos est pourvu de barres de renfort ce qui va affecter directement sa flexibitlité et donc les modes de vibrations de la caisse.
Les éclisses sont préparées et pliées “à sec” avec un fer à cintrer. Leur forme doit correspondre parfaitement à celle du guide, ce qui rend le processus particulièrement difficile mais également très gratifiant. Durant le pliage, un niveau optimal d’humidité doit être maintenu dans le bois sous peine de le voir craquer !
La tête et le manche sont ensuite assemblés avec précaution aux éclisses. L’alignement est vérifié.
Une barre est adjointe sous la table. Cette dernière va participer au mécanisme de propagation des vibrations du chevalet au reste du corps.
Des bandes de lin sont également rajoutées pour renforcer la structure.
Enfin, la table est collée au reste de l’instrument.
La touche et le cordier sont préparés. Une courbure précise doit être patiemment rabotée.
Le liseré noir soulignant la forme de la table est rajouté (les filets) :
A suivre…